Des évacuations à bord de jets privés
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Dans le Golfe, le juteux marché des évacuations à bord de jets privés

March 29, 2020

Si la pandémie plombe l’économie, elle offre aussi des opportunités à certaines entreprises.

Par Georges Malbrunot

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« Des dizaines de Français et d’autres nationalités veulent partir d’Arabie, mais aussi de Dubaï, Koweït ou du Maroc », observe Alexandre Katrangi, un des responsables d’Aerojet Middle East. AFP

Dimanche soir aux alentours de 21 heures, un jet Hawker s’est posé sur l’aéroport de Pau en provenance de Yanbu sur la côte ouest de l’Arabie saoudite. À son bord, trois Français, employés du groupe chimique Arkéma, rentraient chez eux au terme d’une opération d’évacuation un peu spéciale.À lire aussi : Îles désertes, bunkers, jets privés: comment les super riches réagissent-ils face au coronavirus?

Normalement, depuis le 15 mars, les vols internationaux sont interdits, pour deux semaines, au départ ou à l’arrivée sur les aéroports saoudiens.

«Pendant trois jours, confie depuis Bahreïn Alexandre Katrangi, un des responsables d’Aerojet Middle East, la société qui a affrété l’avion, on a travaillé dans le plus grand secret pour demander les autorisations à l’aviation civile saoudienne, trouver les bons canaux afin de faciliter les choses, et on a finalement réussi à obtenir ces autorisations, se félicite-t-il. Après avoir décollé du Bourget, dimanche matin, le jet s’est posé à Yanbu, il a fallu 30 minutes seulement pour faire le plein de kérosène, les trois Français sont montés à bord et ils étaient le soir chez eux à Pau ».

Si la pandémie plombe l’économie mondiale, elle offre également des opportunités à certains. En partenariat avec la société de sécurité Anticip-Risk and Co, Aerojet Middle East se frotte les mains.
« Des dizaines de Français et d’autres nationalités veulent partir d’Arabie, mais aussi de Dubaï, Koweït ou du Maroc », observe Alexandre Katrangi.
Dimanche, un autre de leurs jets a évacué trois Russes de Yanbu à destination de Moscou. Lundi, plusieurs employés turcs d’une grande société de construction opérant à Djeddah ont demandé à être rapatriés à Istanbul. Aerojet Middle East a également été sollicité pour des évacuations entre le Tchad et Paris, Istanbul et Marrakech, le Koweït et l’Inde. Coût d’une évacuation : environ 50.000 dollars. « C’est le prix d’un vol en jet privé pour ces distances », assure Alexandre Katrangi, « les sociétés qui font appel à nous ont contracté, en général, des assurances pour l’évacuation de leurs salariés ».
Établi depuis une vingtaine d’années dans le Golfe, Alexandre Katrangi dispose d’un carnet d’adresses lui permettant d’aller vite pour obtenir les autorisations de vol. « Mais tout est légal, ajoute-t-il. Nous ne sommes pas dans des opérations de barbouzes ou des évacuations ultra secrètes à la Carlos Ghosn ». Pour ne pas violer le couvre-feu nocturne décrété à partir de mardi en Arabie saoudite, les vols ont lieu de jour.

Sa société reçoit également des appels de privés fortunés. « Vendredi, dit-il, nous avons eu une demande d’un basketteur professionnel américain, qui voulait d’urgence quitter la Croatie pour se rendre à Istanbul. Il y a cinq jours, un milliardaire turc nous a demandé d’évacuer son fils étudiant à Londres pour le faire rentrer à Istanbul ».
Dans le Golfe, où les mesures contre la propagation du virus se mettent en place, les ambassades de France ont généralement appelé les ressortissants français à ne pas rentrer dans l’Hexagone.

Source: lefigaro.fr